Je dédie cette nouvelle à ma Pouett, mon ange gardien sur terre,
A Michèle, ma petite sœur,
A ce chanteur si populaire dont je ne citerai pas le nom
Et à tous les anges gardiens qui nous aident au quotidien !!!
BLUETT est un ange gardien !
Il y a une cinquantaine d’années, il était encore ce qu’on appelle « un ange accompagnateur », ce qui est une fonction à responsabilité et très honorifique. Bluett était très fier de sa mission, aider les âmes en transit dans le choix de leur futur lieu de naissance et les accompagner jusqu’à ce qu’elles y parviennent.
Mais voilà, il y eu son erreur, stupide, incontrôlable… on pourrait appeler ça « une erreur d’aiguillage ».. erreur regrettable qui l’avait fait déchoir de sa fonction d’ange accompagnateur pour être rétrogradé au rang inférieur, à la base, ange gardien.
Et bien sûr, il gardait, sauvegardait l’âme qui lui avait valu cette déchéance, il tentait par tous les moyens de réparer, sans succès.
Bluett était habité par le remords, Bluett n’avait qu’une idée : réunir enfin les deux parties de cette âme que son erreur avait partagée, déchirée, éloignée.. Il n’avait de cesse que de parvenir à son but, il ne pouvait, n’arrivait à s’occuper de rien d’autre, et plus les années passaient, plus il cumulait les erreurs !
Le pauvre Bluett veillait donc avec soin sur chaque partie de cette âme et c’était un travail de chaque instant.
Les anges accompagnateurs, autrefois ses collègues, l’ignoraient. Les anges gardiens autour de lui le méprisaient. Il était le seul de sa corporation à avoir vécu un tel revirement de situation et une telle déchéance. Bluett était l’ange le plus solitaire qu’on n’ait jamais rencontré !
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Mais revenons cinquante ans plus tôt ! Les âmes en attente de leur nouvelle vie ont le choix de leurs futurs parents jusqu’à un certain point. Une première sélection est faite en fonction de points acquis dans les vies précédentes. Selon que vous vous soyez bien comporté, vous avez un éventail plus large de parents potentiels auprès desquels vous pouvez prétendre à une douceur de vie. Ceux qui ont fait le mal auparavant se retrouvent avec un choix très limité, une galère contre une autre galère. On leur réserve les parents violents, alcooliques, dans une banlieue pourrie ou au fin fond du désert. Ils ont alors une vie pour se racheter ou sombrer encore un peu plus bas. Les autres sont dirigés dans des endroits de bonheur, avec des parents aimants, attentionnés, dans les milieux confortables ou des endroits de nature privilégiés. Il peuvent également s’intéresser à de futurs parents en détresse ou fragiles avec le but de les aider à reprendre pied dans leur vie, mais l’éventail est large !
La jolie petite âme dont venait de se charger Bluett avait pour elle un passé irréprochable et pouvait donc postuler dans les meilleurs milieux. Son bonus était tel qu’elle avait également l’opportunité de se partager en deux, renaître en gémellité dans une gentille famille afin de savourer en double la prochaine vie terrestre. Cette nouvelle étape franchie, la jolie petite âme aurait encore un passage terrestre à exécuter, dans le corps d’un petit être à part, dernière étape de vies terrestre. Elle atteindrait alors un palier important où elle demeurerait quelques centaines d’années avant d’accéder au sommet suprême d’où plus jamais elle ne partirait, ce que le commun des mortels nomme « le Paradis ».
Bluett était serein, un accompagnement classique, normal, dans les meilleurs conditions du monde. Le choix était arrêté sur une famille française. La maman était enceinte de deux bébés. La mission de Bluett était de réserver les embryons et d’accompagner sa petite âme au troisième mois de grossesse afin qu’elle prenne possession de sa nouvelle enveloppe terrestre. Le seul moment délicat était le partage de l’âme et le passage simultané dans chaque fœtus.
Et c’est là qu’il commis son erreur !
La moitié de l’âme se fondit en douceur dans le premier petit corps, quand à l’autre, elle resta bloquée, on ne peut expliquer pourquoi. Bluett avait relâché son attention et entamé une trêve habituelle entre deux passages d’âme. Il ne remarqua pas à temps sa petite mi-âme encore en flottement.
Le premier bébé habitué se détendit, l’âme se répandit en lui, l’habitant totalement. Le second bébé suffoqua. Il était trop tard pour lui, son âme n’étant pas parvenue jusqu’à lui, il hoqueta et cessa de vivre. Et la pauvre petite mi-âme partit dans une spirale pénible de perdition.
C’est alors que Bluett réalisa l’étendue du désastre, mais c’était irréparable !
Et du coup, il était destitué de ses pouvoirs et dégradé au rang d’ange gardien. Il eut beau implorer, supplier qu’on le réintègre dans ses fonctions, il demeura à ce nouveau poste. Seule consolation, il était chargé de veiller sur la nouvelle vie qui allait commencer sur terre, six mois plus tard, un peu bancale, un peu partagée, une petite fille qui se prénommerait Mati.
Il aurait aussi en charge la surveillance de la seconde partie de sa petite âme, laquelle devait dans l’immédiat se remettre dans une liste d’attente pour choisir le bon endroit, la bonne personne, pour démarrer sa future vie, le plus près possible de sa moitié. Mais quatre ans devaient encore passer avant que son tour ne vienne, quatre années pour une petite âme un peu bancale, un peu partagée et bien douloureuse.
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Mati ouvrit les yeux sur le monde, étonnée de se trouver toute seule et elle poussa son premier hurlement primaire. Quelque chose n’allait pas ! Elle commençait dans la peur et elle connu le premier abandon aussitôt après. Au plus profond du subconscient de sa maman, il y avait ce second bébé qui n’avait pas vu le jour, dont personne n’avait connu l’existence, et il en résulta pour elle une grave et longue dépression qui l’envoya directement en clinique, la séparant pour quatre ans de Mati.
Le bébé resta trois mois dans les services de la maternité, passant de bras en bras. Elle était la coqueluche des infirmières et des sages-femmes, il y avait aussi ses grands parents qui venaient la voir et son papa chaque jour. Mais il y avait toujours ce vide immense, une petite âme sœur et pas de maman.
Bluett intervint pour qu’elle soit retirée de la maternité et on lui trouva une douce maman d’accueil jusqu’au retour de sa vraie mère, quatre ans plus tard.
Bluett avait mis toute son énergie à sa surveillance et lui envoyait des quantités d’ondes positives pour combler le vide qui l’habitait, sans réel succès.
La famille se recomposa tant bien que mal, mais une cassure immense existait. La mère ne sortit jamais vraiment de sa déprime, se désintéressant de Mati. Le père vécut sa vie en dehors de tous et personne ne s’interrogea sur cette petite fille, pas vraiment jolie, trop maigre, trop pâle, trop timide, trop solitaire qui parlait en secret à une imaginaire poupée qui la suivait partout.
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Pendant ce temps, la petite moitié d’âme cherchait toujours le bon endroit pour se construire une nouvelle vie et infiltrer le corps d’un fœtus tout en se rapprochant de sa petite âme sœur dont elle n’avait pas de nouvelles. Compte tenu qu’elle devait être la seconde à se réincarner lors du précédent passage, elle devait trouver une famille dans laquelle elle serait aussi en deuxième place, et comme elle avait perdu son tour lors de l’incident, elle n’était jamais prioritaire dans les choix. Elle finit tout de même par se trouver une petite place dans une famille belge, juste après une petite fille qui commençait tout juste de marcher. Elle imaginait que cela remplacerait sa moitié qui lui manquait tellement, ce fut une erreur.
Le passage se déroula normalement et quelques mois plus tard, Michepap entamait une nouvelle vie terrestre, avec Bluett comme ange gardien.
Michepap était une toute petite fille, toute sage… trop petite, trop maigre, trop timide, trop solitaire… et qui subissait au quotidien les attaques d’une grande sœur qui elle n’avait jamais, au grand jamais demandé à avoir une cadette.
Pincette – qui portait bien son nom - n’avait de cesse que d’ennuyer cette petite sœur qui ne se défendait pas, cachait ses larmes, se renfermait sur elle-même en rêvant d’une vraie grande sœur qui serait là pour la câliner, la protéger et non plus l’agresser.
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Les années passèrent !! Bluett n’avait d’autres occupations que de tenter de réunir de quelque manière que ce soit les deux parties de sa petite âme !
Il y eu au cours de ces années où Mati et Michepap étaient encore des petites filles n’innombrables occasions où elles auraient du se rencontrer… des fêtes, des colonies de vacances, des voyages, des déménagements… mais jamais il ne parvint à les mettre en présence !
Chacune grandit comme elle le pouvait, un peu trop seule, un peu désemparée, avec au fond du cœur une angoisse et une recherche perpétuelle d’un « on ne sait quoi »… le truc indéfinissable, le mal être qu’elles s’employèrent l’une et l’autre à combattre de toutes leurs forces.
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Mais voilà qu’elles s’éloignaient, géographiquement elles étaient à des kilomètres l’une de l’autre. Et Bluett se demandait comment il allait pouvoir enfin un jour les réunir, il avait essayé tellement de stratagèmes auparavant, il avait si souvent cru y parvenir…
Quarante années s’étaient déjà écoulées et il en était toujours au même point !! Et elles avaient construit chacune leur vie en travaillant sur elles-mêmes pour combattre la déprime diffuse, le manque qui revenait régulièrement.
Bluett avait plaisir à les observer et il était fier de ce qu’elles étaient devenues, même si lui seul pouvait comprendre les crises de larmes de Mati, les angoisses de Michepap. Mais elles étaient actives, souriantes, plaisantes et très entourées. D’ailleurs, cette blessure profonde en elles leur faisait aborder les gens de telle manière qu’elles pouvaient séduire de nouveaux amis sans problème ! On les enviait, on recherchait leur compagnie.. mais même entourées ainsi, elle savait l’une et l’autre qu’il leur manquait quelque chose d’essentiel.
Bluett mis sur la route de Mati un ange terrestre sous la forme de Pouett, une petite personne atteinte de trisomie 21, une gentille pure et tendre. Avec tellement d’amour à donner, Mati fut séduite par ce personnage différent, rassurant. Bien sûr, elle ignorait que Pouett lui était envoyé par un ange gardien, mais elle sentait bien que sa présence n’était que du bonheur. Aussi, lorsque la famille de Pouett ne fut plus à même de s’en occuper, il fut tout naturel que Pouett vienne vivre chez Mati.
Michepap dans sa recherche personnelle d’amour, dans son besoin de donner et de recevoir, avait fait la démarche d’adopter deux petits garçons qui eurent le privilège de grandir à ses côtés. Une peur au plus profond de son âme l’empêchait de mettre au monde ses propres enfants, une peur liée à cette errance de l’âme qu’elle ressentait toujours sans pouvoir la définir.
Bluett était satisfait de l’équilibre de ses petites protégées, mais quoi qu’il fasse, il n’y avait plus guère de chance que leurs routes ne se croisent et qu’enfin elles se reconnaissent.
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Il fallait à Bluett envisager un stratagème énorme, c’était sa dernière chance de se racheter. Il avait depuis longtemps renoncé à retrouver son poste d’ange accompagnateur, et puis il était tellement occupé avec Mati et Michepap qu’il n’y pensait même plus !
Il cherchait de toutes les façons un moyen de les faire entrer en communication, faute de les rapprocher géographiquement. Il envoya quelques perturbations dans les lignes téléphoniques lorsque l’une ou l’autre passait un appel… mais une erreur, une voix inconnue et on raccroche.. sans pouvoir imaginer qu’on vient de passer à côté de l’autre partie de soi.
Il imagina un réseau gigantesque de communication, non seulement de téléphone, mais avec des images, des moyens de relier tous les points de la terre. Il travailla sur ce projet des années et quand ce fut bien au point dans sa tête, il glissa ses idées à des collègues qui influencèrent leurs âmes en surveillance…. Et c’est ainsi qu’un groupe d’élites créa le fabuleux réseau d’Internet.
La première étape était franchie, il fallait maintenant que Mati et Michepap entrent dans le système et qu’il trouve le moyen de les connecter !!
Bluett avait de grands moments de découragement. Michepap, plus disponible pour lui, s’intéressa aussitôt à ce merveilleux monde de la communication. Elle travailla en solitaire, apprit à se servir de ce qui était mis à sa disposition et devint rapidement une « pro d’internet ».
Mati, plus occupée, d’abord par son travail, ensuite par sa Pouett… regardait tout ça avec intérêt mais ne prenait jamais le temps d’apprendre.
On était encore bien loin du but !!
Bluett soupirait : mais que faire, qu’inventer encore ??? Il réorganisa le travail de Mati afin que cela lui devienne indispensable de se servir d’internet. Elle apprit avec plaisir de nouvelles fonctions, mais ne fut pas intéressée le moins du monde par le côté ludique de ce matériel. Son travail terminé, elle arrêtait l’ordinateur et Bluett piaffait d’impatience et de colère devant son manque de curiosité.
Il tenta un contact avec Pouett pour qu’elle intervienne, mais alors qu’elle comprenait tout, elle n’avait pas le langage à disposition pour exprimer ce qu’elle ressentait et ce qu’il lui soufflait.
Il fallait chercher encore !!! Et puis un jour, il trouva une ruse extraordinaire.
Pouett était depuis sa toute petite enfance une véritable fan d’un des plus grands chanteurs populaires français. Mati qui n’avait de cesse de lui faire plaisir, avait un jour émis le souhait de pouvoir contacter contacter cet homme si populaire, à la mine si réjouie, si plein de bonne humeur… afin qu’il écrive ou rencontre Pouett pour lui permettre de réaliser un rêve.
Michepap était encore plus fan que fan… depuis son plus jeune âge. Elle s’était même débrouillée pour le rencontrer. Elle y était parvenue alors qu’elle n’avait qu’une douzaine d’années, et depuis, elle le suivait dans ses concerts à chaque fois que c’était possible. Elle était tellement fan qu’elle l’avait approché et que le chanteur, devant une telle assiduité, devant tellement d’attentions de cette petite Michepap, s’était lié avec elle d’une douce amitié.
Mati, après quelques démarches infructueuses pour trouver ses coordonnées, se décida à entrer dans le monde d’internet et de ses possibilités de recherches.
Bluett était complètement tendu, stressé. Il venait de voir comment ses deux protégées pouvaient enfin entrer en contact. Il veillait à chaque minute, il ne perdait rien de vue. Presque cinquante ans sur le même dossier, il fallait qu’il aboutisse enfin, ce n’était plus possible ainsi. Et les petites âmes ne pouvaient se permettre de quitter leurs enveloppes terrestres sans ce contact, car la suite serait une catastrophe, elles ne pourraient atteindre le prochain palier et cela anéantirait des siècles d’existences.
Mati dormait profondément et elle rêvait, elle rêvait que Pouett rencontrait son chanteur préféré, elle savourait son rêve et en se réveillant, décida qu’il était temps d’agir. Elle avait depuis quelques jours fait mûrir dans sa tête le texte qu’elle allait déposer afin que quelqu’un l’aide à parvenir à son but, obtenir les fameuses coordonnées.
Mais où et comment ?? Elle brancha son ordinateur et glissa le nom du chanteur dans le moteur de recherche, sans succès !! Elle alla donc consulter un certain nombre de sites qui pouvaient avoir un rapport avec la chanson, ou avec lui plus directement, et ne trouvant rien de particulier, elle se plongea dans un site un peu vaste, de citations, de littérature et de spectacles. Et là, elle trouva quelques éléments sur la vie du chanteur, son œuvre, sa personnalité, mais rien sur ses coordonnées. Par contre, en bas de la page, il y avait un petit encadré (Bluett avait tout prévu…) qui disait « et si vous deviez lui écrire, qu’est ce que vous lui diriez ? ».
Mati rédigea un message qui commençait ainsi « je dépose ce message comme on lance une bouteille à la mer…. » et ensuite elle expliqua en résumé son parcours avec Pouett, expliquant sa différence, et demandant à la personne qui saurait lui donner les coordonnées du chanteur de bien vouloir les lui transmettre sur sa boîte de messagerie. Elle coupa l’ordinateur sans beaucoup d’illusions. Il faudrait un miracle pour quelqu’un vienne chercher ce site, fasse le même parcours qu’elle, pour enfin arriver sur son message… de là, que ce quelqu’un possède les renseignements attendus, et prenne ensuite le temps de lui écrire !!!!
Et les semaines passèrent sans qu’elle n’y pense plus !!!
Bluett s’agitait autour de Michepap qui, de plus en plus passionnée par le monde de l’informatique, de plus en plus douée par ces techniques, était de plus en plus sollicitée autour d’elle pour des cours, des aides, des dépannages.. et la pauvre Michepap n’arrivait plus à prendre le temps de surfer sur internet juste pour son plaisir, comme elle le faisait au début. Chaque fois que Bluett pensait parvenir à ses fins, chaque fois elle était dérangée et repartait sur un nouveau travail.
Il n’en pouvait plus. Même sa patience d’ange gardien commençait à basculer. Il se concentra fortement. Michepap dormait, c’était le milieu de la nuit. Il fallait absolument lui envoyer des ondes pour qu’elle agisse. Il se concentrait tellement qu’elle se réveilla en sursaut, dans un état bizarre, un peu angoissée, un peu oppressée. Son grand vide, son mal être était total, comme dans les plus mauvais moments de sa petite enfance où elle cherchait désespérément ce qui pouvait lui manquer à ce point, sans jamais avoir eu les réponses à ses questions.
N’arrivant pas à retrouver le sommeil, elle décida de se lever et d’aller faire un tour dans l’ordinateur, histoire de se changer les idées. Elle était abonnée au site dans lequel attendait le message de Mati et elle recevait presque chaque jour des citations, des informations de littérature, de musique… Mais elle n’ouvrait pas systématiquement ces liens car elle n’avait pas le temps. Cette nuit là, donc, elle se décida à faire du tri dans sa boîte de messagerie, et avant d’effacer tous les envois du site, elle prit le temps de les lire, de noter ce qui l’intéressait… et avant de changer de lien, bizarrement, elle se mit à songer à son chanteur préféré. Evidemment Bluett était là, rien ne pouvait le déconcentrer, c’était le moment par excellence, cela ne se représenterait peut-être plus. Il se sentait complètement introduit dans l’esprit de Michepap et toute son énergie était canalisée sur ce seul but, qu’elle aille enfin lire le message de Mati !
Alors, elle se demanda s’il existait, dans ce site, quelque chose qui parle de son chanteur… elle mit son nom en recherche, et la page s’ouvrit sur l’article qu’elle parcourut rapidement, connaissant déjà tout ça par cœur..
Par contre, en bas de la page, quelqu’un avait écrit « je dépose ce message comme on lance une bouteille à la mer… ». Michepap fut intriguée et lorsqu’elle prit connaissance de la requête, elle trouva que c’était trop mignon, trop gentil, et bien évidemment, elle possédait tous les renseignements attendus.
Elle releva l’adresse de messagerie, ouvrit la sienne et rédigea « bonjour, vous ne me connaissez pas, je m’appelle Michepap et j’ai les renseignements que vous attendez… » et elle envoya.
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Tous les matins, Mati mettait l’ordinateur en marche pour son travail, et consultait ses messages, en ayant soin de ne jamais ouvrir ce qu’elle ne connaissait pas, par prudence, par peur de ce qu’on appelle les virus informatiques qui étaient une mauvaise invention des anges malveillants et qui pouvaient manger tout le système.
Bluett savait qu’elle faisait ce travail. Il n’était pas question qu’elle efface le message de Michepap, aussi était-il là, à veiller et à activer de toutes ses forces la curiosité de sa protégée. Elle hésita deux secondes, au vu d’une adresse inconnue, puis ouvrit le lien.. et une grande bouffée de chaleur l’envahi en lisant le contenu du message. En fait, elle avait un peu oublié sa demande, déposée quelques mois plus tôt et c’était pour elle un premier pas dans sa démarche pour que Pouett ait un vrai contact avec le chanteur.
Elle releva les coordonnées, ayant déjà en tête ce qu’elle allait pouvoir lui écrire, les mots qu’elle devrait trouver pour le convaincre de faire un geste pour Pouett, car elle imaginait qu’il devait être grandement sollicité par ses fans et il faudrait que sa lettre se distingue des autres afin qu’il réponde.
Puis, elle remercia sa correspondante pour la réponse !
Bluett relâcha toute la pression qu’il avait depuis des mois, il n’existait plus, il flottait avec une légèreté qui lui était inconnue depuis si longtemps, il se fondait dans le vent, dans le mouvement des arbres, il se laissait glisser le long des ruisseaux, flottant au dessus de l’eau, rafraîchi par les particules d’eau qui voletaient avec lui ! il y avait un printemps tout spécial pour cet ange gardien, il y avait une lumière perdue depuis des années, tout était frais, lumineux, joyeux et Bluett pouvait s’accorder une pause juste pour lui, pour se ressourcer et reprendre une surveillance légère et facile, il avait réussi !
La réponse arriva chez Michepap… qui jugea bon de donner quelques explications sur sa relation avec le chanteur…. Mati remercia encore… Michepap envoya des photos…. Mati raconta son histoire avec Pouett… Michepap écrivit encore… et encore… et encore….
Et leur échange devint quotidien ! Chaque matin, l’une et l’autre n’avait d’autre impatience que de venir voir s’il y avait un message. C’était parfois bref.. mais il y avait toujours un petit mot, et elles étaient toutes d’eux dans la même attente.
Un après-midi, Michepap téléphona.. et elles découvrirent leurs voix… et elles restèrent plus d’une heure au téléphone, à se raconter mille choses qu’il faudrait développer ensuite. Tout était une évidence, elles avaient besoin de se parler, de se confier… elles découvraient qu’elles avaient les mêmes blessures, les mêmes manques, les mêmes solitudes… c’était tellement parfait qu’elles ne comprenaient pas ce qui leur arrivait !
En quelques jours, elles se découvraient indispensables l’une à l’autre, en communion parfaite, disant les mêmes phrases en même temps, ressentant ce que l’autre pouvait ressentir même sans mettre les mots sur les émotions. Et d’un coup, leurs sentiments de solitude ou d’abandon s’étaient dissipés et tout allait mieux.
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Evidemment, elles décidèrent de se rencontrer, ce qui n’était pas simple compte tenu des obligations de famille, de travail et la distance. Mais lorsqu’on tient à quelque chose avec cette intensité, on ne peut que parvenir à son but.
Aussi, quelques mois plus tard, Mati et Pouett prirent la route pour un long trajet. Il était convenu qu’à la sortie de l’autoroute, Michepap vienne les attendre afin de les guider sur la dernière partie du chemin, plus compliquée.
Mati suivi les instructions de trajet à la lettre et ne se trompa qu’à l’arrivée en ne prenant pas la sortie d’autoroute indiquée. Comme convenu, elle téléphona pour dire qu’elle était bien au point de rendez-vous et attendit Michepap qui arriva quelques minutes plus tard.
Que d’émotion ! elles se jettèrent dans les bras l’une de l’autre ; « Comme tu es jolie !! » dit Mati, « comme c’est génial que tu sois venue !! « dit Michepap… et Pouett de les embrasser et de rire de leur bonheur.
Michepap présenta Mati à ses parents, on raconta l’histoire, la rencontre, le voyage.. et le fils de Michepap se rendit compte que Mati s’était trompée de sortie d’autoroute et demanda à sa maman « mais comment es-tu allée la chercher là puisque tu devais la trouver à l’autre sortie »…
Et chacun éclata de rire ! Michepap s’était trompée aussi !!
« Et bien, dirent les parents, vous étiez vraiment faites pour vous rencontrer toutes les deux !!! »
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Et juste au dessus de deux petites sœurs qui se tiennent la main, un ange heureux et détendu, Bluett adresse un joli clin d’œil à ceux qui ont suivi son histoire avec autant de plaisir que j’ai eu à l’écrire !!!!!
Pour la petite information : Pouett eut tout de même le privilège de rencontrer son chanteur préféré, et même de lui faire le bisou tant attendu. Mati et Michepap, bien que à des kilomètres l’une de l’autre, ne se quittent pas. Elles communiquent au quotidien, partagent les mêmes émotions, se rassurent, s’amusent. Elles ont retrouvé une part d’enfance perdue, elles s’amusent de constater qu’elles ont vécu sensiblement les mêmes évènements et elles remercient, sans le nommer, Bluett… l’ange gardien qui les a enfin réunies.
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En haut à gauche Ginette, à droite Margo..... en bas l'inverse... pour ceux qui ne les reconnaîtraient pas !!!
Et un après.... mais à voir la tête qu'elles font après, je pense qu'elles n'aiment pas trop leur nouvelle coupe !! alors, et devant l'insistance de leurs admirateurs, nous avons décidé de ne plus les faire tondre, mais de les peigner, ce qui ne les réjouit pas vraiment non plus !! mais il est bien connu qu'il faut souffrir pour être belles !!!
