mardi 18 novembre 2008

MADEMOISELLE ODETTE


Il y avait chez elle, dans sa cuisine, des pêle- mêles de photos de neveux qu’on ne voyait jamais et dont elle parlait comme de ses enfants !
Il y avait sur la toile cirée de la table un dictionnaire et des journaux de mots croisés en cours.
Il y avait un livre emprunté à la bibliothèque avec sa couverture plastifiée et son marque page…
Elle me faisait chauffer une tisane et m’ouvrait des boîtes en fer de petits gâteaux.
On s’asseyait à la table de la cuisine, je parlais fort pour qu’elle m’entende.
Elle me racontait le livre en cours, elle me racontait les neveux qui ne venaient jamais et dont elle était si fière, elle me racontait la maison que son père avait construite en 1929.
Elle parlait de ses parents, ce père blessé à la guerre, cette maman avec laquelle elle avait vécu toutes ces années… depuis 1929 dans la même maison.
Elle parlait de son travail à la poste.. de ce mariage qu’elle n’avait pas fait parce que, disait-elle, ceux que je voulais ne me voulaient pas, et ceux qui me voulaient, c’est moi qui ne voulait pas… et elle riait !
Parfois, on montait à l’étage, il y avait « la chambre de maman », avec un lit recouvert d’un édredon rouge où personne ne dormait plus, avec une poupée bressane qui trônait sur la cheminée, avec un parquet ciré sur lequel on glissait avec des patins pour ne pas salir.
On traversait cette chambre déserte pour entrer dans la sienne, petit lit à une place entouré d’un cosy plein de livres, une minuscule salle de bain et sa baignoire sabot et le même parquet ciré qu’une femme de ménage venait astiquer chaque semaine.
Je la voyais, l’été, dans son jardin, taillant ses rosiers, arrachant de mauvaises herbes. Je l’entendais, plusieurs fois par jour, balayer l’escalier extérieur…
Elle était toute petite, toute blanche, toute active… elle portait de jolies jupes fleuries et des petites socquettes dans ses chaussures.
Elle marchait à vive allure dans les rues, visitant le cimetière et ses souvenirs deux fois par semaine.
Elle m’avait accueillie simplement, gentiment, lorsque j’étais venue emménager dans l’autre partie de la maison, celle qui avait été construite en 1929 par le meilleur ami de son père, la réplique de sa maison mais en moins bon état, cette maison que je venais d’acquérir longuement, difficilement. J’arrivais après des mois de galère, je posais mes valises, je me construisais en même temps que je redonnais vie à la maison.
Et Odette était là !!
IL y eut entre nous, malgré nos trente années d’écart, une belle amitié un peu maternelle. Elle veillait sur moi et moi sur elle. Elle était heureuse de m’avoir à ses côtés et elle me rassurait.
Elle glissait des petits gâteaux et des morceaux de jambon à mes toutous à travers le grillage. Elle me portait des bols de potage pour le soir, je lui gardais des morceaux de tartes lorsque je recevais des invités.
Nous avions installé un petit portail pour aller facilement de l’une à l’autre sans faire le tour de la maison et c’était une période heureuse.
Puis l’angoisse est venue chez elle, trop seule, trop grande maison, trop de charges, trop d’escaliers aussi…
Je surveillais les volets qui s’ouvrent, j’écoutais les bruits d’à côté, elle disait que ça la rassurait.. mais pas assez !
Alors elle a choisi de partir en maison de retraite, à l’autre bout de la rue, et de me vendre la maison !
Nous sommes allées ensemble chez le notaire, j’ai donné mon chèque, il a signé les actes et lui a donné son chèque. Elle était sidérée d’avoir une telle somme et ne savait plus que faire. Elle m’a tendu le chèque en disant « ouh là là, je vous le donne, j’ai peur de le perdre ». Le notaire riait « c’est la première fois que je vois un vendeur donner le chèque à son acheteur » !! Nous étions joyeuses et complices.
Nous sommes vite allées à sa banque afin d’y déposer l’argent pour qu’elle dorme tranquille. Tout le guichet a su qu’elle venait de me vendre la maison et qu’elle plaçait son argent, c’était un moment très amusant.
Il restait mille choses dans la maison, des souvenirs oubliés, des objets, des cartes, des vêtements. Les neveux avaient vidé les meubles et oublié toutes ces bricoles qui hantent encore mes placards et la cave.
Elle venait me voir et me tenait la main en disant « c’est comme si j’avais passé la maison à ma petite fille ». Elle continuait de me raconter le quartier, la construction sur ce terrain qui s’appelait « le champ du Paradis », sa vie ici, ses parents, ses chagrins… je retenais, j’apprenais. Je devenais la mémoire de la maison.
Elle disait toujours « notre maison »… et elle s’extasiait des changements : les studios, le bassin dans son jardin. Le plus spectaculaire a été la visite de « la chambre rose » qui était son grenier avant. Elle est entrée dans la pièce, les mains jointes sur son cœur, éblouie, ravie, impressionnée. Et moi je lui disais mon bonheur et comme j’aime cette maison.

Elle est partie discrète, comme elle a vécu… ce samedi… et je l’ai appris par hasard car les neveux m’ont déjà oubliée.
Elle est partie doucement à 85 ans, une petite Odette discrète, sans mari, sans enfant et m’a légué désormais « sa maison »…

4 commentaires:

Mich Bellegeek a dit…

Qu'est-ce que tu écris bien, j'avais l'impression d'être dans l'entrée de la chambre rose et de vous entendre vous extasier ;o)
Belle rencontre, fin trop discrète..je comprends tes regrets.

Anonyme a dit…

magnifiques écritures!!!! j'ai relu le texte plusieurs fois...
Tu m'as fait regretter ne pas avoir eu la chance de rencontrer Odette!
...que ce soit dans la nostalgie ou la joie de vivre...tes écritures sont tjs aussi belles...en qqsorte ...le reflet de ton âme!!! :-) A bientôt bisous

Anonyme a dit…

On naît dans un monde ou l'on apprend à aimer, à pleurer, à sourire, à avancer mais jamais on ne se prépare à s'en aller.
Un être que l'on aime, on lui dit je t'aime et puis on le vois s'en aller on comprend qu'on ne pourra plus jamais lui crier le mot aimer, alors les larmes commence a couler.
Le temps passe, on n'oublie pas mais ont fait face, on prend sur nous ont pleure parce qu'il y a cette douleur, mais ont fond on sais que la personne sera toujours la.
Ma grand mère nous a quitter, c'est une femme que j'ai beaucoup admirer, car elle n'a jamais reculer, parce qu'elle a beaucoup rigoler, elle vivait la vie avant que la vie ne l'arrête, aujourd'hui elle n'est plus la, en moi un vide, car je n'est pas eu le courage de lui dire que je voulais être comme elle toujours souriant très peu souciant.
J'ai appris qu'elle étais malade, je n'y est pas cru elle était si souriante, je n'arrivait pas a pleurer, je la regardait toujours de la même façon, je ne pouvait pas croire qu'elle allait nous quitter.
Quelques jours ont passé, je suis rentrée dans sa chambre d'hôpital, sa santé avait dégradé ces la que je me suis mis a pleurer la regarder la, allonger dans un lit ou elle ne pouvait même plus nous regarder elle n'arrivait plus a sourire ce n'étais pas elle, pas cette femme qui étais si génial, ces la dernière fois que j'ai voulu la voir.
Je n'ai pas eu le courage d'y retourner, je voulais garder l'image d'une femme souriant plein de bonté, je ne voulais pas la voir partir, je voulais y croire, je me racontais des histoires, que le soir elle dormirait et que le matin elle sourirait.
Les jours passait mais parent rentrait et il me disais que sont état ce dégradai, pas facile d'assumer de la laisser s'en aller s'en lui dire a qu'elle point je pouvait l'aimer.
Le lendemain j'avançais dans le long couloir, il n'était pas noir ni blanc, mais en moi une peurs immense, celle de la revoir,de la toucher,peurs qu'elle nous aie déjà quitter,j'avançais mais j'avait envie de reculer,de m'évader,devant mois juste une porte nous séparait les larme coulait a l'intérieur de moi, a l'extérieur tout était figer,tout étais renfermer, j'ai poser la mains sur la porte pour l'ouvrir et la un tas de souvenir,je l'ai regarder je me suis dit mais mami qu'est ce qu'il ton fait,les larme coulait c'étais pas elle, elle étais comme paralysée,sa peau étais jaune et moi j'étais pétrifiée.
Je suis restée assise dans la chambre face à elle, la tête face au sol, s'en jamais la relever, s'en jamais la regarder, il est temps de s'en aller je me s'entais soulagée, j'ai repris le long couloir, dehors le soleil ne brillait pas,et au fond de moi,je voulais qu'elle parte, je m'en voulais de penser ça mais je voulais qu'elle redevienne elle, qu'elle arrête de souffrir,qu'elle arrête d'attendre,qu'elle puisse être libre .
Les jours passait j'attendais, j'attendais mais je ne sais même pas quoi peu être qu'elle guérisse ou peu être qu'elle part, je voyait ma mère pleurer, mon grand père lui parler comme si rien n'avait changer, j'avais envie de lui crier tu ne vois pas qu'elle va nous quitter, mais il avait encore un peu le temps de rêver, d'espérer,d'essayer de la retrouver t'elle qu'il l'avait rencontrer, 59 ans ces long, il comptais les heures, il pensais sûrement au jour ou il l'avait rencontrer, des souvenirs serment difficile a exprimer.
Un nuit difficile, mais il fallait aller travaillé je suis descendue maman pleurait j'ai compris qu'elle nous avait quitter, les larmes ont couler, papa ma dit « elle n'a pas souffert », ces mot on été simple et court, une phrase qui ma soulager mais qui ma tuée car je n'étais pas la quand elle a eu peu être besoin de moi.
Il me restait une dernière fois à la voir, je suis arrivée au funérarium, j'ai vu le cercueil, aperçu ces mains poser sur ça poitrine,les larmes ont couler,je l'ai regarder je regardait les autre lui donner un bisous sur le front sur ça peau froide,moi j'étais dans le fond près du mur ou personne n'aurai pu faire attention, je les ai admirer tout ces gens qui ont pus l'embrassé j'aurai voulu oser, mais je n'est pas pu j'ai préféré garder le souvenir d'un bisous de ces lèvre,de sa joue chaude contre la mienne, la petite claque qu'elle mettait quand elle rigolait,
Il ont descendu son cercueil, mais larme transperçait la terre en même temps qu'elle descendait pour aller la rejoindre, papa disait que c'étais mieux comme ça qu'elle souffrait trop pour rester qu'elle c'étais assez battue pour pouvoir partir en paix,je le s'avais mais je n'y arrivait pas a l'accepté.
Les jours passait j'avait tellement pleurer que plus aucune larme pouvait couler,juste un tas de question pourquoi elle, pourquoi maintenant, on venait de la retrouver après de longue année de séparation,j'en voulais a mon papi car ces a cause de lui qu'on ne la voyait plus,très dur pour maman de retrouver sa maman et d'apprendre qu'elle allais déjà devoir la laisser repartir,il a fallu la maladie pour les réunir triste d'en arriver la mais ces la vie qui veut ça, maman pleurait le jour pleurait la nuit, elle disais que c'étais injuste qu'elle ne méritais pas ça que c'étais ça maman, elle y pense puis elle oubliai, elle ne pleure plus mais ces un poids qu'elle ne soit plus la sa bonne humeur,toujours entrain de rigoler, papi vient cher nous tout les jours depuis qu'elle est partie, on dirai un enfant il ne sais pas quoi faire, il n'arrêtait pas de pleurer dur de le supporter,on a cru qu'il allait lui aussi s'en aller ont ne le voyait pas vivre s'en elle, aujourd'hui il essaie d'avancer,mais on le sais jamais il ne pourra oublier, une maladie ces pas facile a supporté quand ont ces que ça va nous enlever la vie,maman est restée près de mami longtemps, elle passait tout les jour,elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour lui montrer qu'elle étais la, c'étais beau a voir comme elle la soutenait les sourire qu'elle lui faisait,elle s'avais que le temps passait qu'il les séparerait mais elle en profitait pour pouvoir continuer.
Elle n'est plus la, mais je sais qu'au fond de moi elle restera, elle étais tellement belle, tellement généreuse, tellement vivante, aujourd'hui je suis sur que ces un ange, ou que ces une de ces étoiles qui brille dans le ciel, je pourrais aussi vous dire que ça doit être une des plus belle.
Le temps passe ont apprend au fils du temps a oublier a surmonter ça, mais pas facile de comprendre pourquoi.
Ca fait déjà 2ans bientôt 3 et au fond de moi il y à toujours cette envie qu'elle soit la, des fois je m'imagine dans ces bras j'entend ça voix sont petit rire qu'elle faisait, la petite claque qu'elle nous faisait je ne les aimais pas mais je ferais n'importe quoi pour qu'elle le refasse.
Beaucoup de gens laisse partir les gens sens leur dire vraiment ce qu'ils ressentent, mais ont fini par le regretter un jour ou l'autre.
Partir une chose qui laisse des trace, une chose ont on ne peu pas toujours faire face, mais on continue d'avancer pour un jour les retrouver.
J'ai voulu l'ecrit en mémoire de ma grand-mére , votre histoire avec la votre ma fait repensé a ma grand-mere.Rachid.

Anonyme a dit…

Pour Rachid :je suis infinimnt touchée et fière que tu sois venue sur mon blog pour écrire la peine enfouie dans ton coeur, le chagrin et le manque de cette grand'mère qui n'est plus là, mais pourtant tellement présente dans ton coeur et tes souvenirs. Elle restera éternellement dans ton amour et c'est très important. Merci pour ta confiance, merci de te livrer un peu dans cette période où nous te sentons fragile, triste et où nous cherchons à t'aider...
C'est bien d'écrire, cela aide à transformer les gros chagrins en beaux souvenirs...